Malte est une destination qu’il faudrait réserver aux vacances.
Ca sent bon le beurre de karité, les huiles bronzantes parfum coco et le poisson frais. La vie y est douce. Et le rythme tranquille. C’est une île-pays qui ressemble à un petit village méditerranéen accroché à la mer. Du nord au sud de l’île on me dit qu’une petite heure et quelques minutes sont nécessaires. Alors comme dans un petit village, tout le monde se connaît. Et tout se sait. Les derniers cancans des stars locales comme l’opération récente du voisin.
L’architecture alterne entre les balcons maltais comme des grains de beauté sur une peau dorée et les immeubles récents sans vraiment de cachet. Mais ce qui domine avant tout c’est la richesse que l’île a su capturer des influences alentours : maghrébines, italiennes, espagnoles, grecques ou même libyennes.
Je traîne ma valise, mes dossiers, ma tenue business-woman décalée et mes talons inutiles dans les ruelles escarpées échappant par miracle à la torsion de chevilles à chaque pas. Et j’envie ô combien ce couple sur le bord du quai. C’est la fin de la journée, je m’octroie la paix pour quelques minutes et me laisser dériver à leurs côtés. Elle, tricote une sorte de dentelle en longueur et sans fin. Lui, gardant sa canne à pêche dans une main, prépare de l’autre, un appât comme un boulanger pétrit son pain. Curieuse je tapote du bout des doigts ce conglomérat pâteux et collant fait de miel, de pain rassis, de maïs un peu passé. La recette est fine et astucieuse mais la proie ne se laisse pas prendre facilement on dirait. La relation entre cet homme et le poisson semble complexe. L’homme est patient, la friture aussi. Mais le temps sur ce quai face à La Valette ne semble pas avoir de prises. Ni sur l’humeur du pêcheur, ni sur le dîner du soir.
Le transistor coincé entre le couple ronronne des chansons italiennes et grésille à chaque lancer d’hameçon. Sur le quai de Sliema les bateaux gondolent et les passants passent.
Soudain, le moment arrive, un poisson mord à l’hameçon et rejoint ses quelques congénères barbotant dans l’épuisette. Tout se passe avec tranquillité et sans éclat. L’homme esquisse à peine un sourire, comme une victoire un peu trop facile. La couturière arrête une seconde la dentelle pour secouer d’une main peu délicate l’épuisette comme pour réveiller la pitance et annoncer le nouvel arrivant.
Je me lève encombrée des mes apparats de travailleuse et me dirige sur la route. Longeant la promenade, frôlant les touristes nombreux ; j’arrive dans une ruelle et je pense au poisson que j’aimerais moi aussi manger. Sans canne et sans patience, c’est au Mareluna que j’assouvirai mon envie.
Dans ce joli restaurant assez récent, les serveurs sont italiens et maîtrisent l’art des fonds marins comme rarement je l’ai goûté. Je commande une sorte d’antipasti de la mer, parce que je n’ai pas le courage de choisir. Après une attente qui me semble un peu longue, c’est la caverne d’Ali Baba des profondeurs qu’on pose sur ma table. A n’en plus finir, les serveurs m’apportent des mets. Je crois qu’ils se sont trompés, mais non, ce carpaccio d’espadon, ce tartare de thon, cette timbale de moules, ces crevettes in salsa rosa, tout est pour moi ! J’ai toute la Méditerranée à goûter. Je m’empiffre, me régale et explose –de joie- devant cette profusion.
Alors si vous n’avez pas de canne dans votre attaché case, ni la chance de pêcher au bord du quai, au moins, vous saurez où aller.
Mareluna
Milner Str. Sliema
tel. 2131 3181
marelunamalta.com
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