Je passe ma journée à Londres. A revoir mes vieilles leçons d’anglais. A raviver « my taylor is rich ». A rencontrer de futurs clients exigeants.

A peine descendue de l’avion, il me faut m’activer pour établir le parcours du combattant métropolitain le moins douloureux et le plus rapide qui me permettra d’optimiser les quelques heures de liberté que je m’octroierai dans la ville après une journée de travail survoltée.

Ma mission : traverser la city et terminer ma journée de la manière la plus douce possible. Un métronome dans la tête et une boussole en guise de cerveau, me voilà parée. A Londres, il faut savoir être stratégique. En pleine génuflexion, centre de gravité trouvé, le métro s’élance et mon parcours est dessiné. Ce soir, c’est à Soho que je m’arrêterai.

C’est la fin de journée, j’ai envie de me défaire de tailleur guindé pour mon vieux tee-shirt d’Elvis ou celui des Clashs, un peu élimé. De troquer ma paire de stiletto douze centimètres contre mes fidèles Converse usées après une journée overbookée.

Dans mon enfance j’ai toujours rêvé d’être pom-pom girl, de vivre dans une série télé, je regrette les sixties et écoute avec nostalgie tous les albums des Beach Boys. Le Ed’s est fait pour moi.

Il règne un air de Fonzie dans ce restaurant old USA aux couleurs pastels et tabourets rouge Cadillac. Un jukebox tous les cinquante centimètres me permet en toute discrétion d’insérer un penny dans la machine pour oser ré-écouter ABBA à plein volume sans être repéré. Les burgers sont comme dans les meilleurs sopa-opera américains : ronds, dodus, faits maison et les french fries au cheddar sont juste une provocation envers mes bonnes résolutions du premier janvier. Sans compter les milkshakes pour accompagner.

Il me reste encore un penny. Mes collègues sont loin. Toute ma menue monnaie passe dans la bande originale intégrale de Dirty Dancing pour finir mon brownie.

Et comme j’aime les mélanges inédits qu’on trouve à la city, tout à côté, en plein cœur de Soho, je termine ma soirée en musique et en beauté au Ronnie Scott’s. Un club de jazzmen et musiciens confirmés. A l’entrée, on me dévisage avec discrétion et professionnalisme à l’anglaise pour être sûr que je suis dans le ton. Je descends un escalier sombre et rentre dans l’antre de ce lieu plutôt select de mélomanes et d’amateurs de jazz. Des musiciens de renom sont passés par là, on entend encore la trompette de Miles Davis dans les escaliers, un vieil habitué. On retrouve aussi dans ce club toute la City un peu branchée. Lumière tamisée, fauteuils rouge sang. Tout y est. Ambiance Allie Mc Beal assurée.

J’écoute, je regarde et savoure –cocktails à tomber- ce retour au meilleur de la musique jazzy.

Pensez à réserver sans quoi votre place n’est pas garantie. Le ticket d’entrée n’est pas donné, mais avec cette adresse là c’est une soirée réussie ou peut-être un contrat signé. En fonction de la personne qui aura la chance de vous accompagner dans cette adresse que vous aimeriez secrètement garder.

 

Ronnie Scott’s Jazz Club
47 Frith Street,
Soho, London W1D 4HT,
Royaume-Uni
+44 20 7439 0747

 

Ed’s Easy Diner
12 Moor Street,
Old Compton Street,
Soho, London W1D 5NG,
Royaume-Uni
+44 20 7434 4439